L’étiquette « écoblanchiment » décourage les solutions réelles à la crise énergétique mondiale

Dans son récent article d’opinion, Catherine McKenna a lancé une attaque irresponsable contre les industries de tout le Canada, classant leurs engagements à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et à atteindre les cibles de réduction définies comme « écoblanchiment ». Cette réduction des efforts de l’industrie à un seul terme sensationnaliste est profondément injuste et inconsciente des défis énergétiques mondiaux.

Le monde est en train de subir un changement historique de la même ampleur que la révolution industrielle, qui redéfinit les relations commerciales et la géopolitique mondiales. L’énergie se trouve au centre de ce changement. Pour que le Canada prospère, nous devons atteindre un équilibre pragmatique et prudent qui résout le trilemme suivant : protéger l’environnement, assurer notre sécurité énergétique et créer des avantages économiques pour tous les Canadiens. Il y a des conséquences réelles lorsque l’on se trompe, comme nous le voyons avec la crise actuelle de l’énergie et de l’inflation à l’échelle mondiale.

Néanmoins, si le Canada atteint cet équilibre, il récoltera des occasions considérables. Nous avons certaines des plus grandes réserves de pétrole et de gaz naturel au monde et une faible population, ce qui signifie que nous pouvons exporter une grande partie de ce que nous produisons, générant des revenus pour le Canada. Nous produisons également nos ressources énergétiques de façon responsable en respectant des normes environnementales et des droits de la personne parmi les plus élevées de la planète.

De plus, des milliards de dollars en capital de l’industrie sont actuellement investis et désignés pour être investis dans le captage du carbone et d’autres technologies propres. Le fait de considérer cette réalité comme de l’écoblanchiment ne tient pas compte des investissements réels, de la coopération réelle entre l’industrie et les gouvernements et des solutions climatiques pragmatiques.

Ce que certains choisissent souvent d’ignorer, c’est que la demande mondiale de pétrole et de gaz naturel ne va pas disparaître du jour au lendemain.

Selon la revue des marchés de janvier de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande de pétrole atteint un niveau record de 101,7 millions de barils par jour (b/j). À l’heure actuelle, le pétrole et le gaz naturel répondent à plus de la moitié des besoins énergétiques de la planète. L’AIE, dans son « scénario des politiques énoncées », voit la demande de pétrole demeurer forte après 2040. Même les scénarios de décarbonisation harmonisés avec la limitation du réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius indiquent qu’il faudra des millions de barils de pétrole par jour en 2040 et au-delà. Compte tenu du déclin inévitable de la production attribuable au manque d’investissement dans la production de pétrole et de gaz naturel et du potentiel de conflits géopolitiques (comme nous le voyons en Ukraine), le monde a besoin de producteurs fiables et stables, comme le Canada. Le monde a également besoin de producteurs qui prennent au sérieux la lutte contre les changements climatiques, comme le Canada. Parmi les 30 plus importants producteurs de pétrole, le Canada, les États-Unis, le Brésil, le Mexique et la Norvège sont les seules démocraties qui produisent actuellement plus d’un million de barils de pétrole par jour.

Les producteurs de gaz naturel et de pétrole du Canada sont des fournisseurs d’énergie dont le monde a besoin, et nous pourrions faire beaucoup plus pour nous protéger contre l’insécurité énergétique mondiale et réduire les émissions à l’échelle mondiale. Alors que l’Europe a atténué les conséquences de la perte de gaz russe en payant une prime pour obtenir des sources limitées de gaz naturel liquéfié (GNL) provenant d’ailleurs, le reste du monde ressent de plus en plus les effets de cette perte d’approvisionnement. En 2022, l’utilisation du charbon a atteint un niveau sans précédent; les pays asiatiques en particulier se tournant vers une source de combustible fiable par nécessité pour répondre à leurs besoins énergétiques.

C’est une opportunité pour le Canada. Grâce à une combinaison de géologie, de réglementation rigoureuse et d’exploitants progressistes, la production de gaz naturel du Canada affiche l’un des plus faibles taux d’émissions de GES de la planète. L’exportation du gaz naturel canadien à faibles émissions dans le monde favorise la sécurité énergétique et la lutte contre les changements climatiques. Les terminaux de GNL canadiens, ceux qui sont en cours de construction et d’autres qui sont à l’étape de la planification, représentent une opportunité générationnelle de faire croître notre économie et de remplacer l’utilisation du charbon à l’échelle mondiale, réduisant ainsi les émissions mondiales. Puisque LNG Canada est sur le point d’être l’installation de GNL présentant le plus faible taux d’émissions du monde, les Canadiens devraient célébrer cette réalisation.

Le secteur canadien du pétrole et du gaz naturel est très conscient de la nécessité de réduire les émissions et reconnaît l’importance de fournir des solutions concrètes. Les entreprises membres de l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) ne se livrent pas à un « écoblanchiment ». Elles investissent dans des technologies novatrices, et développent et déploient ces dernières, comme l’installation de captage du carbone Quest, qui a séquestré jusqu’à maintenant plus de 5 millions de tonnes de CO2, ou l’électrification des installations gazières en Colombie-Britannique, qui a permis de réduire les émissions représentant l’équivalent du retrait de plus de 180 000 voitures de la circulation. Les producteurs de sables pétrolifères du Canada ont entrepris la tâche difficile sur le plan technologique de suivre la voie de la consommation carboneutre pour les sables pétrolifères du Canada, et des projets sont déjà en cours. Ils ne parlent pas seulement d’action, ils agissent.

Rejeter cette réalité nuit aux intérêts des Canadiens et ne raconte pas l’histoire de milliers de Canadiens de l’industrie qui travaillent fort pour réaliser des progrès significatifs en matière d’émissions.

Les producteurs de pétrole et de gaz naturel du Canada reconnaissent que la production de ressources à faibles émissions nous procurera un avantage concurrentiel mondial. Le Canada est actuellement un chef de file dans le développement de technologies de réduction des émissions, comme le captage du carbone et la détection des émissions de méthane. Pour demeurer un chef de file, nous devons attirer des investissements pour veiller à ce que les projets et les technologies de décarbonisation soient conçus et exécutés ici.

Le rejet des opportunités intergénérationnelles et des milliards de dollars de dépenses de l’industrie privée en les qualifiant d’« écoblanchiment » peut avoir un effet dévastateur et ne servira qu’à décourager l’investissement dans des solutions climatiques pragmatiques qui créent de réelles opportunités pour les Canadiens.

Lisa Baiton est présidente et chef de la direction de l’Association canadienne des producteurs pétroliers.